Effie habite à Splott, un quartier de Cardiff, la capitale du Pays de Galles, touché par la désindustrialisation, le chômage et la paupérisation. Effie, c’est le genre de fille qu’on évite de regarder dans les yeux quand on la croise dans la rue, qu’on se permet de juger l’air de rien. Effie, on croit la connaître, mais on n’en connaît pas la moitié. Tous les lundis, elle se jette dans une spirale d’alcool et de drames, et émerge au bout de trois jours d’une gueule de bois pire que la mort pour mieux recommencer. Et puis, un soir, l’occasion lui est offerte d’être plus que ça.
Splott, c’est là que l’auteur de la pièce, Gary Owen, a grandi. Ces quartiers-là, il les connaît comme sa poche. Leurs personnages, leurs hopitaux et leurs salles d’attente de médecins aussi. Puis ce nom sonne presque comme un bruit de vieille loque mouillée qui tombe sur un sol boueux, quelque chose qui vient créer une image mentale particulière dans l’esprit. Ça, c’est pour Splott.
Que vient faire là-dedans Iphigénie ? C’est cette jeune fille grecque, fille d’Agamemnon, qui a été sacrifiée par son père pour calmer la colère de la déesse Artémis, durant la guerre de Troie. La légende est incertaine et, comme toute bonne histoire mythologique, un brin tordue, mais elle met en évidence l’idée de sacrifice d’une jeune femme pour le bien de tout un peuple. Nous reviendrons sur les détails passionnants du mythe dans la partie historique. En s’inspirant de la mythologie grecque, Gary Owen invente donc une Iphigénie d’aujourd’hui, combative, drôle et furieuse, pour parler des classes sociales les plus meurtries par les coupes drastiques effectuées dans les budgets de la santé et du social.
« Corps et verbe bouillonnent de colère et de force combative, de sensibilité à fleur de peau, de pertinence et de radicalité. L’audace du propos, l’aplomb et l’acuité avec lesquels il est porté ne peuvent que bouleverser. » - Scène web
NOTE D'INTENTION - GEORGES LINI, METTEUR EN SCÈNE
Lorsqu’on a entre les mains une pièce comme Iphigénie à Splott et que l’on décide de la monter, il est primordial de garder en mémoire le raz de marée émotionnel qu’a suscité la première lecture. Car la pièce de Gary Owen est de celleS qui vous bouleversent, qui ne vous laissent pas indemne. Et notre boulot est de restituer cette émotion. Iphigénie à Splott est un cri de détresse poussé par une jeunesse en colère et révoltée et dont nous, les aînées, avons saccagé les illusions. C’est une piqure de rappel pour une société en voie de déshumanisation. Car, oui, il faut bien l’avouer, notre responsabilité est plus qu’engagée : quel monde leur laissons-nous en héritage ? N’avons-nous pas tout cochonné ici-bas ?
Alors oui, la jeunesse gueule. Elle se fait matraquer ou/et piétiner par des chevaux mais ne baisse pas le ton. Car il ne lui reste plus que ça. Notre héroïne, qui ne s’appelle pas Iphigénie -il faudra faire travailler vos méninges pour comprendre l’astuce fait partie de ces naufragé(e)s de l’existence, qui usent de leur « fighting-spirit » pour tenter de garder la tête hors de l’eau. Pour elle la vie est un combat de tous les instants.
Dans une région en crise, voire sinistrée, difficile voire impossible d’envisager l’avenir. De trouver un sens à tout ça. Alors pour oublier, pour masquer la détresse, on boit, on fume, on fait la fête, on cherche des échappatoires à sa propre misère. Mais ce qui lui reste, tout ce qui lui reste, à notre héroïne, c’est sa dignité. Et elle ne laissera personne la lui prendre. Gardez pour vous vos préjugés et vos sarcasmes. Les apparences peuvent être trompeuses.
Il y a 21 ans de cela, sur ce même plateau du Théâtre de Poche, dans Trainspotting, je gueulais dans la peau de Francis Begbie « Sur quelle putain de planète on vit ?! ». Les choses ne se sont pas arrangées. La colère est toujours là. Et ici encore, nous la partageons avec vous.
LES BONNES RAISONS DE VENIR VOIR CE SPECTACLE (SELON NOUS) !
Tout est réuni dans ce spectacle, le texte, l’accompagnement musical, la mise en scène, la scénographie, et la décapante interprétation de Gwendoline Gauthier pour être au cœur d’une saison culturelle de la balise. Un immanquable ! Comme pour Portrait, si vous passez à côté.. Gare…!
SI VOUS AVEZ AIMÉ / VOUS AIMEREZ AUSSI
Si vous avez aimé :
Monte Cristo, Lawrence d'Arabie, J'ai pas fermé l'œil de la nuit
Vous aimerez aussi :
Dimanche, Affranchies
DISTRIBUTION & MENTIONS LÉGALES
De Gary Owen
Traduction Blandine Pélissier & Kelly Rivière
Mise en scène Georges Lini
Avec Gwendoline Gauthier
Collaboration artistique Sébastien Fernandez
Direction musicale François Sauveur
Musiciens Pierre Constant, Julien Lemonnier & François Sauveur
Création lumières Jérôme Dejean
Costumes Charly Kleinermann & Thibaut De Coster
Photos de Debby Termonia
Coproduction Le Théâtre de Poche, Cie Belle Nuit
Soutien à la traduction Maison Antoine Vitez, Centre International de la Traduction Théâtrale
Auteur représenté par MCR Agence Littéraire
Avec le soutien de La COCOF, Fédération Wallonie Bruxelles - service Théâtre